Une femme aux commandes : Natascha den Ouden

Ce qui a commencé par une idée en 2018 est devenu une structure professionnelle avec trois équipes cyclistes : U19, U23 et élite seulement 5 ans plus tard. Natascha den Ouden, la femme derrière AG Insurance-Soudal Quick-Step, revient aujourd'hui, à l'occasion de la Journée internationale de la femme, sur les débuts, le présent et l'avenir.

« Nous avons commencé en petit, avec six coureuses et maintenant nous sommes presque quarante. Les premières victoires au plus haut niveau ont déjà été obtenues et cela me remplit de fierté. Cela représente une mise en place de cinq années de pièces de puzzle ! Des coureuses qui vont bien ensemble, mais aussi du personnel qui fait souvent partie de l'équipe depuis de nombreuses années, ou qui s'intègre parfaitement. C'est vraiment une équipe sur tous les fronts. C'était le cas au début, et c'est toujours le cas maintenant que nous sommes devenus beaucoup plus grands. C'est important pour moi.

Lors des premières courses de l'année, j'ai vu une équipe courir ensemble. À Valence, cela a conduit immédiatement à beaucoup de succès, mais pas dans une course comme Omloop Het Nieuwsblad. Dans les deux cas, je suis fière de cette unité. Lors de la dernière étape du Tour de Valence, par exemple, tout le monde a sympathisé.

Cela fonctionne aussi dans l'autre sens quand il y a de la malchance, comme au Samyn avec une malheureuse crevaison et une méchante chute de Nicole. Même dans ce cas, il y a ce sentiment d'être ensemble, même si ce n'est pas de la joie mais plutôt de la déception et de la colère. Ce sentiment d'appartenance n'est pas un discours de relations publiques. Ce sentiment est réel. Je suis donc heureuse si des personnes extérieures à l'équipe, comme les sponsors, les fans ou n'importe qui d'autre, remarquent également cette unité. »

Pendant la période hivernale, beaucoup de travail a été effectué par AG Insurance – Soudal Quick-Step, notamment par la directrice générale Natascha. En plus de son cabinet de physiothérapie, Natascha a participé au recrutement de nouvelles coureuses, de personnel et de sponsors. Il s'agissait de la conception de vêtements, de camps d'entraînement, de nouvelles chaussures, de consultations avec les fédérations cyclistes en Belgique et avec l'UCI, d'une présentation de l'équipe, de l'habillage des voitures et de bien d'autres choses encore. Très complexe et requérant de la polyvalence. En outre, elle est aussi une épouse, mère de quatre filles, il y a quelques gendres, un chien et quelques chats dans la maison et tout le monde a aussi besoin de manger et de nettoyer ses vêtements. Bref, ces derniers mois ont été bien remplis.

« Lorsque nous avons décidé de créer une équipe supplémentaire, en plus de la structure U19 et U23 que nous avions déjà, j'ai délibérément cherché des coureuses qui s'inscrivent dans cette structure. En outre, il fallait recruter un tout nouveau groupe de juniores et la moitié d'une nouvelle équipe de U23. Cela représentait donc beaucoup de nouvelles coureuses. Je ne voulais pas de coureuses qui vivent dans leur propre bulle et n'ont aucun regard pour les autres.

J'ai également rejeté des coureuses qui ne cadraient pas avec la philosophie. Nous voulons créer des liens. Les leçons du passé montrent qu'une collection de meilleures coureuses ne fait pas la meilleure équipe. Bien sûr, vous avez besoin de finisseuses pour obtenir des points, mais vous avez aussi besoin de celles qui se connectent et constituent des piliers dans un sport d'équipe. La fondation est constituée par les U19, les murs par les U23 et le toit par l'élite. Au sein de chacune de ces trois équipes, ces trois sous-groupes s'impliquent également, car sans ces trois-là, vous n'avez pas de maison. J'apprécie vraiment le fait que de nouvelles coureuses potentielles aient déjà étudié notre structure et choisissent consciemment d'en faire partie. Des coureuses qui sont conscientes qu'une équipe est aussi forte que son maillon le plus faible et qu'ils ont l'œil pour cela.

Ensemble, elles forment la maison sous le nom de AG Insurance – Soudal Quick-Step et l'un ne peut pas aller sans l'autre. Toutes nos coureuses en sont conscientes. Je suis très fière que le sentiment pendant la construction ait été correct sur chaque base individuelle jusqu'à présent. »

En plus du recrutement qui s'est bien déroulé, la préparation de la nouvelle saison n'a pas été facile en raison des règlements de l'UCI. Il y a eu beaucoup de discussions sur la place que l'AG Insurance-Soudal Quick-Step peut prendre en tant que projet unique dans le peloton cycliste.

"L'une des choses les plus difficiles à accepter cet hiver était que l'UCI ne nous permettait pas d'échanger des coureuses. L'idéal serait de permettre à une ou deux coureuses de l'équipe U23 d'acquérir de l'expérience dans l'équipe élite lors de certaines courses. Les équipes féminines du World Tour sont autorisées à faire cela avec leurs équipes de développement, mais comme nous n'avons finalement pas obtenu de licence WorldTour, nous ne sommes pas autorisées à le faire. Après tout, nous avons maintenant deux équipes au même niveau continental.

Cependant, je suis convaincue que nous offrons un bon programme aux deux équipes. C'est juste que les coureuses U23 peuvent progresser énormément si elles peuvent courir avec des coureuses expérimentées de temps en temps. Malheureusement, cela nous manque actuellement. »

AG Insurance – Soudal-Quick-Step est un projet pluriannuel qui a débuté en 2018. À court terme, l'ambition est de rejoindre le WorldTour féminin. Natascha est très claire et ambitieuse à ce sujet. La vision à long terme consiste à construire une structure solide et durable dans le cyclisme féminin en général.

« Nous sommes sur la bonne voie avec notre projet, mais nous n'en sommes pas encore là. Vous ne pouvez pas encore comparer le niveau actuel du cyclisme féminin avec le cyclisme professionnel masculin. Rien que les différences de budget sont énormes. On essaie de condenser le développement de 40 ans du sport masculin en seulement cinq ans pour les femmes. Bien sûr, ce n'est pas possible. Je pense qu'une comparaison juste serait de comparer le sport féminin d'aujourd'hui avec les équipes continentales masculines ou U23 d'aujourd'hui.

Notre sport est en plein développement avec des coureuses qui sont déjà au niveau WorldTour et des coureuses qui ne le sont pas encore mais qui ont un contrat WorldTour et le salaire correspondant. C'est l'histoire de la poule et de l'œuf. Le développement coûte de l'argent, comme dans toutes les industries. Le cyclisme ne fait pas exception. Le développement de jeunes coureuses coûte de l'argent, mais vous pouvez constater que cela fonctionne. Le développement de notre sport va tellement vite maintenant. Si vous pouvez permettre à quelqu'un d'être une coureuse à plein temps, il ne s'agit pas seulement d'un entraînement à plein temps, mais aussi d'un repos à plein temps, sans le stress supplémentaire de mettre de la nourriture sur la table.

Je pense qu'il y a actuellement des coureuses du Women's WorldTour qui n'ont pas encore le niveau et qui seraient mieux dans un cadre U23 comme le nôtre par exemple. D'un autre côté, il faut aussi les signer jeunes, sinon elles partent dans une autre équipe. L'argent est une incitation puissante qui menace parfois d'aller au-delà du développement individuel. C'est pourquoi je crois en notre modèle où nous offrons aux coureuses U23 la perspective d'un contrat professionnel, mais où nous leur offrons aussi la sécurité nécessaire pour se développer et faire des erreurs. Et cela s'applique à tout le monde, d'ailleurs. Chez AG Insurance-Soudal Quick-Step, vous avez le droit de faire des erreurs tant que vous apprenez par la suite, car c'est la seule façon de grandir ensemble. Ainsi, nous pouvons profiter ensemble de ce merveilleux sport, nous encourager quand nous réussissons et nous soutenir quand nous avons des revers. C'est un travail d'équipe digne d'un Wolfpack. »